Gestion de projet, intelligence collective

Feb 15 / Sébastien Lo Presti
Dans le cadre d'un projet, l'adhésion au changement est d'autant plus facile à obtenir que les intéressés ont été associés à l'identification des solutions mises en œuvre.  On parle alors de co-construction.

L'intelligence collective, et les techniques de créativité permettant de la mobiliser sont particulièrement intéressantes pour favoriser ce processus de co-construction des solutions.

Intelligence collective, de quoi s'agît-il ?

On peut définir l'intelligence collective comme la "capacité d’une communauté à faire converger intelligence et connaissances pour avancer vers un but commun" (Pierre Lévy, L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace, 1994).

Le recours à l'intelligence collective va donc s'avérer particulièrement utile dans le cadre d'un projet, notamment en phase de conception des solutions.

Quelles que soient les finalités de la démarche, elle repose sur le principe fondamental suivant : des synergies issues d’un groupe peuvent naitre des idées qu’aucun membre isolément ne serait capable de concevoir.

Les techniques de créativité au service de l'intelligence collective

Il existe de nombreuses techniques de créativité pouvant être mobilisées dans le cadre d'ateliers collaboratifs. Le choix des méthodes dépendra, notamment, de la maturité du chef de projet, de celle de l'équipe constituée, ainsi que des finalités associées à la démarche entreprise (résolution de problèmes, identification de solutions nouvelles dans le cadre d'un projet d'amélioration, etc).

Voici quelques-unes des démarches les plus caractéristiques :

Le Brainstorming : technique de créativité qui vise à produire le maximum d’idées en un temps, et sur un thème, donnés. Elle repose sur la garantie d’une liberté de parole totale. Elle proscrit jugements personnels et appréciations évaluatives. Le Brainstorming s'articule en quatre étapes :

  • Poser le sujet, généralement sur un paperboard ;
  • Valider le sujet ;
  • Partager et faire acter les principes de fonctionnement de la séance collaborative ;
  • Reporter les idées à l'aide de post-it sur le paperboard.


Le Brainwriting
: technique dérivée du brainstorming mais mobilisée en partie en silence. Le recours au Brainwriting peut être intéressant lorsque l'animateur dispose d'aptitudes de facilitateur limitées, ou lorsque l'équipe est réticente vis-à-vis de la démarche ;

Les chapeaux de Bono : méthode de créativité développée par Edward de Bono, permettant de traiter les problèmes dont une des conséquences est d'éviter la censure des idées nouvelles, dérangeantes, inhabituelles. La méthode permet de séquencer la pensée et de focaliser l’attention des membres du groupe sur un aspect précis. La recherche de solutions est ainsi divisée en 6 phases distinctes, chacune représentée par un chapeau de couleur symbolisant une façon de penser.
      
  • Le chapeau blanc représente la neutralité ;
  • Le chapeau rouge, les émotions ;
  • Le chapeau vert, la créativité ;
  • Le chapeau noir, le pessimisme ;
  • Le chapeau jaune, l’optimisme ;
  • Le chapeau bleu, enfin, l’organisation.


Chaque membre du groupe doit mettre un chapeau imaginaire à la fois, et réfléchir à une problématique donnée, en endossant la façon de penser correspondant au chapeau porté. Une séquence d’utilisation des chapeaux est déterminée à l’avance, en fonction de la problématique instruite ;

Le Mind Mapping : technique de représentation visuelle permettant de stimuler la créativité, et de cartographier aisément des idées. Elle consiste à construire un arbre, au centre duquel se trouve le sujet principal. Les branches et sous-branches connectées à celui-ci en constituent les idées associées.

On peut définir 5 niveaux d’inventivité :

  • Solution simple ;
  • Amélioration mineure ;
  • Amélioration majeure ;
  • Nouveau concept ;
  • Découverte.


Les techniques de Brainstorming ou de Brainwriting sont généralement suffisantes aux trois premiers niveaux. Les 2 derniers niveaux requièrent l’exploration de sources de connaissances plus larges et peuvent nécessiter le recours à des méthodes de créativité plus avancées, TRIZ et ASIT notamment.

La méthode TRIZ, a été inventée en URSS en 1946, et complétée et publiée en Europe en 1997 par Genrich Saulovitch ALTSHULLER (1928-1998). Elle repose sur la classification de plus de 2 millions de brevets, ayant permis de dégager certains principes et une méthode d’innovation basée sur la capitalisation.

La méthode ASIT pour (Advanced Systematic Inventive Thinking)  a été développée par Roni HOROWITZ, chercheur de l’Engineering Faculty of Tel Aviv University, elle est un prolongement de la méthode TRIZ.
C’est une approche systématique permettant de trouver des solutions sur la base de combinaisons. Elle prend tout son sens pour aborder les problématiques dans le cadre desquelles  la cause racine du problème identifié ne peut être trouvée ou corrigée.
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Le chef de projet dans un rôle de facilitateur

La mobilisation de techniques de créativité requiert rigueur, méthode et pratique. En situation d'animation d'un atelier collaboratif, le chef de projet devra adopter un rôle de facilitateur.

Un facilitateur est à la fois :

  • Un architecte : il bâtit le cadre dans lequel les échanges vont pouvoir se dérouler, il clarifie les intentions ;
  • Un pilote : il canalise les énergies et accompagne la dynamique du groupe ;
  • Un guide : il focalise les attentions sur le sens et les finalités, il accueille la créativité avec confiance.


Les principales qualités d’un facilitateur sont :

  • L'impartialité : le facilitateur base son approche sur les faits et proscrit opinion et jugement personnels ;
  • La proactivité : le facilitateur va au-devant des intentions et des idées, il favorise leur expression par tous moyens ;
  • La sérénité : le facilitateur est garant du respect des personnes et du cadre des échanges dans un climat d’écoute et de bienveillance ;
  • La flexibilité : le facilitateur accueille l’imprévu et sait s’adapter aux spécificités et attentes du groupe ;
  • L'écoute : le facilitateur pratique l’écoute active ;
  • La rigueur : le facilitateur sait fixer les limites et est notamment le gardien du temps dédié aux échanges.


Si le chef de projet a son mot à dire sur la constitution de l'équipe amenée à participer à un atelier de travail collaboratif, il privilégiera la complémentarité à l'expertise individuelle.

Et les managers dans tout ça ?

Si le rôle du chef de projet est déterminant, celui des managers est fondamental, en amont. Ils garantissent les conditions de la réussite, en favorisant notamment :

Une culture du changement : les collaborateurs de l’organisation doivent être sensibilisés à la nécessité de changer et réellement désireux de mettre à contribution leurs idées au service d’un intérêt ou d’un objectif commun ;

Des relations basées sur la confiance : pour que l’intelligence collective puisse aboutir à des idées constructives permettant au groupe d’aller de l’avant, les conditions nécessaires à la perception d'un climat de confiance doivent être réunies. Le droit à l'erreur doit notamment faire partie de la culture de l'entreprise ;

Une vision partagée : les participants à une démarche collaborative doivent avoir une vision très claire des finalités de l'organisation et du rôle qu'ils peuvent réellement jouer vis-à-vis des changements ;

La co-construction des solutions assure leur pertinence vis-à-vis du contexte dans lequel elles seront mises en œuvre, favorise l'appropriation, et facilite la conduite du changement.

À propos de l'auteur

Sébastien Lo Presti
Passionné par les sciences sociales, la gestion de projet et le management de la qualité.

Animé par la volonté de partager et de transmettre des connaissances.

Je suis par ailleurs cofondateur de Lean en ligne, organisme de formation spécialisé en Excellence Opérationnelle.
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