La méthode SCRUM

Oct 14 / Sébastien Lo Presti

La méthode SCRUM demeure une des méthodologies agiles les plus populaires grâce à sa capacité à s’adapter aux changements rapides et à améliorer continuellement les produits et services livrés. Grâce à ses rôles bien définis, ses événements réguliers, et ses artefacts clairs, SCRUM apporte une structure rigoureuse tout en favorisant la flexibilité et l’adaptation.

Cependant, elle n’est pas exempte de limites, notamment dans des contextes où les exigences sont fixes ou lorsque l'implication des parties prenantes est insuffisante. SCRUM partage des principes similaires avec l’approche Lean Six Sigma DMAIC, en particulier en ce qui concerne l’amélioration continue et l’adaptation (voir notre article à propos de VUCA). 

La méthode Scrum

De quoi parle-t-on ?

La méthode SCRUM est une des approches les plus populaires de la gestion de projet agile. SCRUM est née d'un besoin de flexibilité et d'adaptabilité, principalement dans les environnements complexes où les exigences changent souvent et où la planification traditionnelle est moins efficace. Elle se base sur des cycles courts, appelés Sprints, et favorise la collaboration au sein de l'équipe, l'inspection régulière des progrès, ainsi que l'adaptation en fonction des retours et des évolutions.

SCRUM permet de livrer rapidement des résultats concrets, tout en s'assurant que chaque version du produit est testée et validée avant de passer au développement suivant. Cet article explore les fondamentaux de cette méthode, ses avantages, ses limites, et les situations dans lesquelles elle apparait la plus appropriée.

SCRUM repose sur des rôles et des évènements standardisés (Voir article sur les standards)

Les rôles clés dans la méthode SCRUM

Au cœur de SCRUM, trois rôles sont définis pour assurer la clarté et la responsabilité au sein de l'équipe :

  1. Le Product Owner : c'est la personne chargée de maximiser la valeur du produit en cours de développement. Il est le représentant du client et le responsable du backlog produit, une liste priorisée des fonctionnalités à développer. Le Product Owner décide des priorités et veille à ce que l'équipe se concentre sur ce qui apportera le plus de valeur.

  2. Le Scrum Master : le Scrum Master est responsable de l'application correcte de la méthodologie SCRUM. Il s’assure que l’équipe respecte les principes SCRUM, facilite la communication entre les différents membres de l’équipe, et élimine les obstacles pouvant entraver le travail. Contrairement à un chef de projet classique, le Scrum Master n'a pas de pouvoir décisionnel sur le projet, mais agit comme un facilitateur pour permettre à l’équipe de s’auto-organiser.

  3. L'Équipe de Développement : Cette équipe est composée de professionnels pluridisciplinaires responsables de la création du produit. Contrairement aux équipes de projet traditionnelles, dans SCRUM, l’équipe de développement est auto-organisée et autonome. Elle décide de la manière dont elle va atteindre les objectifs fixés pour chaque sprint et assure la livraison d’un produit potentiel à la fin de chaque cycle.

Les évènements SCRUM

Les événements SCRUM, aussi appelés cérémonies SCRUM, sont des moments clés du cycle de développement où l'équipe se regroupe pour planifier, discuter des progrès, et s'adapter si nécessaire :

  1. Le Sprint : c’est le cycle de travail de SCRUM, qui dure généralement de deux à quatre semaines. Chaque sprint se termine par une version fonctionnelle du produit, prête à être présentée au client. Le sprint ne change pas en cours de route, ce qui assure un cadre de travail stable pendant une courte durée.

  2. Le Sprint Planning : cet événement marque le début de chaque sprint. L'équipe y définit les objectifs du sprint à venir, en sélectionnant les tâches les plus prioritaires dans le backlog produit. L'objectif est de planifier le travail que l’équipe estime pouvoir réaliser dans la durée du sprint.

  3. Le Daily Scrum : réunion quotidienne courte (généralement 15 minutes), le Daily Scrum permet à l’équipe de synchroniser ses efforts. Chaque membre partage ce qu'il a fait la veille, ce qu'il prévoit de faire aujourd’hui, et les éventuels obstacles rencontrés.

  4. La Sprint Review : à la fin de chaque sprint, l’équipe présente les résultats obtenus au client ou aux parties prenantes. C’est l’occasion de recevoir des retours, d’ajuster la direction du projet et d’inspecter le produit développé.

  5. Le Sprint Retrospective : cet événement est un moment de réflexion interne où l’équipe discute des aspects positifs et négatifs du sprint. L'objectif est d'identifier des pistes d’amélioration pour le prochain sprint.

Artefacts SCRUM

SCRUM utilise des artefacts pour rendre le travail transparent et suivre les progrès réalisés. Les principaux artefacts sont :

  1. Le Backlog Produit : il s'agit d'une liste ordonnée des fonctionnalités et exigences du projet. Il est maintenu par le Product Owner et évolue en fonction des retours utilisateurs, des changements dans les priorités ou des nouvelles idées.

  2. Le Backlog de Sprint : c’est la sélection des tâches que l'équipe de développement a prévu de réaliser durant un sprint. Il est extrait du backlog produit lors de la Sprint Planning.

  3. L’Incrément : c’est la somme de toutes les tâches complétées durant un sprint, constituant une version utilisable et testée du produit.
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Scrum VS Méthodes traditionnelles ?

SCRUM est particulièrement efficace dans les projets où il y a de l'incertitude, des changements fréquents ou lorsque le produit doit être livré par petites itérations successives. Cela inclut les projets de développement logiciel, où les besoins peuvent évoluer en fonction des retours des utilisateurs et des nouvelles technologies.

Cependant, pour des projets dont les exigences sont bien définies et peu susceptibles de changer, les méthodes de gestion de projet traditionnelles comme Waterfall ou PRINCE2 peuvent être plus appropriées. Ces méthodes offrent un cadre plus structuré et sont souvent mieux adaptées aux projets ayant un calendrier et un budget rigides.

Avantages et limites de la méthode Scrum

Les avantages de la méthode SCRUM

SCRUM offre plusieurs avantages dans la gestion de projet, notamment :

  • Flexibilité et adaptation rapide : Grâce à son caractère itératif, SCRUM permet de s’adapter rapidement aux changements. Les retours d’expérience peuvent être intégrés à chaque sprint, ce qui garantit une réactivité face aux imprévus ou aux nouvelles demandes.

  • Transparence et collaboration : Les différents événements SCRUM encouragent la communication et la transparence au sein de l’équipe, ainsi qu’entre l’équipe et le client. Cela permet de maintenir une vision claire des objectifs et des progrès à tout moment.

  • Focus sur l'amélioration continue : La rétrospective à la fin de chaque sprint pousse l’équipe à toujours s’améliorer, en identifiant les erreurs ou les obstacles rencontrés, et en cherchant des solutions pour les éviter à l’avenir.

  • Réduction des risques : En développant un produit de manière incrémentale, SCRUM permet de livrer régulièrement des versions fonctionnelles, réduisant ainsi les risques liés aux erreurs ou aux malentendus sur le produit final.

  • Motivation de l’équipe : Le fait de travailler en cycles courts et de voir les progrès régulièrement stimule l'équipe, qui voit ses efforts rapidement récompensés par des livrables concrets.

Les limites de la méthode SCRUM

Malgré ses nombreux avantages, SCRUM présente certaines limites :

  • Complexité dans la mise en place : pour que SCRUM fonctionne efficacement, il est nécessaire que l’équipe soit bien formée à la méthode et à ses rôles spécifiques. De plus, les parties prenantes doivent être prêtes à s'engager activement dans le processus.

  • Dépendance à l’implication des parties prenantes : si le Product Owner ou le client n'est pas suffisamment impliqué ou ne fournit pas les retours nécessaires, le projet peut perdre de sa pertinence. L'absence d'une collaboration active peut compromettre la livraison d'un produit qui répond réellement aux besoins.

  • Inadapté aux projets non itératifs : Scrum est idéal pour les projets où les besoins évoluent régulièrement. Cependant, pour des projets dont les exigences sont bien définies dès le début et peu susceptibles de changer, des méthodes de gestion de projet traditionnelles, comme le cycle en V ou Waterfall, peuvent être plus adaptées.

  • La taille de l’équipe : Scrum fonctionne mieux avec des équipes de taille restreinte (généralement de 5 à 9 membres). Pour des projets avec de très grandes équipes, l’application de SCRUM peut s’avérer plus difficile à gérer.

Comparaison entre SCRUM et DMAIC

Il existe plusieurs points communs entre SCRUM et la méthode DMAIC (Define/Définir, Measure/Mesurer, Analyze/Analyser, Improve/Améliorer, Control/Maitriser), utilisée dans le cadre du Lean Six Sigma :

  1. Orientation vers l'amélioration continue.
    L'un des principes fondamentaux partagés par SCRUM et DMAIC est l'accent sur l'amélioration continue. SCRUM permet aux équipes de livrer des produits en version itérative à travers des sprints, chaque itération visant à affiner et améliorer le produit en fonction des retours d'utilisateurs. De la même manière, DMAIC, dans le cadre de Lean Six Sigma, se concentre sur l'amélioration continue des processus à chaque phase. Après avoir défini le problème (Définir), chaque étape suivante vise à optimiser le processus existant. Ainsi, les deux méthodologies sont centrées sur l'idée d'un perfectionnement constant, en s'adaptant aux résultats pour éliminer les erreurs et maximiser la valeur ajoutée.

  2. Structure en étapes ou phases distinctes.
    Une autre similitude entre SCRUM et DMAIC réside dans leur approche structurée et en phases. DMAIC suit un processus rigide en cinq étapes. Chaque étape est clairement délimitée et sert à atteindre un objectif spécifique, le passage de l’un à l’autre des phases est matérialisé par une revue de jalon. SCRUM, quant à lui, est organisé en sprints, qui sont de courtes périodes de développement durant lesquelles l’équipe se concentre sur l’achèvement d’un ensemble de tâches prédéterminées. À la fin de chaque sprint, il y a une revue, et l’équipe évalue les résultats avant de passer au sprint suivant. Cette structuration rigoureuse aide à maintenir le projet sur la bonne voie, tout en laissant de la place pour les ajustements.

  3. Focus sur les données et la rétroaction.
    Dans les deux méthodes, l’utilisation des données est cruciale pour prendre des décisions éclairées. DMAIC repose principalement sur la collecte et l'analyse de données lors des étapes de mesure et d'analyse, afin d'identifier les causes profondes des problèmes et les pistes d'amélioration. Ce processus est similaire dans SCRUM, où l’on s'appuie sur des retours réguliers à la fin de chaque sprint pour ajuster les priorités et perfectionner le produit. En effet, la rétrospective en SCRUM permet aux équipes d’évaluer ce qui a bien fonctionné ou non, et de s'améliorer pour le prochain cycle. Dans les deux cas, la prise de décision se base sur des faits, plutôt que sur des suppositions, pour garantir que les actions prises soient en ligne avec les objectifs fixés.

  4. Collaboration d'équipe et auto-organisation.
    SCRUM et DMAIC insistent fortement sur la collaboration d'équipe et l'implication active de chaque membre dans le processus. Dans SCRUM, les équipes sont auto-organisées, ce qui signifie qu’elles sont responsables non seulement de la livraison du travail mais aussi de la manière dont elles choisissent de le faire. Le Scrum Master veille à faciliter la communication, tout en s'assurant que les obstacles sont levés. Dans DMAIC, les équipes Lean Six Sigma travaillent ensemble pour analyser les processus, identifier les inefficacités et trouver des solutions. Chaque étape demande une contribution collective, et l’analyse des données est souvent réalisée avec le soutien d’un Black Belt ou d’un Green Belt en Six Sigma. Cette forte orientation sur la collaboration permet de s’assurer que chaque point de vue est pris en compte pour la prise de décision.

  5. Flexibilité et adaptation au changement.
    Enfin, une autre similitude clé entre SCRUM et DMAIC est leur flexibilité. Ces deux méthodes sont conçues pour permettre des ajustements tout au long du projet ou du processus. Dans SCRUM, les équipes adaptent leurs priorités et ajustent les fonctionnalités du produit à la fin de chaque sprint, en fonction des retours d’expérience. Il y a une opportunité d’améliorer et de changer la direction, en fonction des besoins du client ou des conditions du marché. DMAIC suit une approche similaire, où les résultats des analyses et mesures peuvent conduire à une redéfinition des objectifs ou des stratégies d’amélioration. Que ce soit pour ajuster un produit en développement ou pour améliorer un processus existant, la capacité d’adaptation est une caractéristique centrale des deux méthodes.

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À propos de l'auteur

Sébastien Lo Presti
Passionné par les sciences sociales, la gestion de projet et le management de la qualité.

Animé par la volonté de partager et de transmettre des connaissances.

Je suis par ailleurs cofondateur de Lean en ligne, organisme de formation spécialisé en Excellence Opérationnelle.