La Boucle Vertueuse de l'Excellence

Mar 16 / Damien Philippe
À travers son livre, La Boucle Vertueuse de l’Excellence, Lexitis Editions (2013), José Gramdi
porte un regard critique sur les méthodes Lean déployées à grande échelle ces dernières décennies, mais, sans y associer l’état d’esprit requis.
Il donne par ailleurs des clés pour mettre harmonieusement en synergie le Lean Management, le Six Sigma et la Théorie des contraintes pour enfin de vrais résultats en rupture.
Le regard de Lean en ligne sur ce livre passionnant.

Les outils du Lean, un management hérité du Taylorisme

L’ère de la production de masse marquée par le Fordisme est révolue. De nos jours, l’offre bien supérieure à la demande engendre une concurrence exacerbée dans la plupart des secteurs d’activité. Les consommateurs sont désormais en position de force, ils sont de plus en plus volatiles et leurs exigences sont croissantes notamment en termes de services et de personnalisation. S’ajoutent notamment à cela le raccourcissement des cycles de vie des produits et la complexité croissante des outils productifs.  L’excellence en production n’est ainsi plus une option mais un impératif pour les entreprises.
Les démarches de progrès ont été déployées dans le paradigme des 30 glorieuses : valorisation des performances locales, approches en silos, cloisonnements hermétiques des fonctions. La vision et le but de l’entreprise sont relégués au second plan.

La performance est abordée uniquement selon une approche productiviste, analytique et monodimensionnelle. Les algorithmes des systèmes d’information s’appuient toujours sur des prévisions de ventes alors que celles-ci ont de moins en moins de sens au regard du contexte économique précédemment décrit. Les plannings d’approvisionnement et de production sont toujours construits sur des capacités théoriques, considérées de manière isolée. Ce système de pilotage ne permet pas d’identifier tout le potentiel d’amélioration des organisations.

Dans ce contexte, un nombre important d’organisations a tenté de déployer des démarches d’amélioration, sans obtenir les résultats durables escomptés.
Effets de modes managériales, vision court-termiste de la performance, vénération des chiffres, volonté de toujours vouloir faire plus avec moins, mainmise sur les prérogatives décisionnelles sont autant de facteurs à l’origine de l’échec de bon nombre de ces tentatives.

Certains cabinets de conseil ont également contribué à ces échecs en réduisant ces démarches à de grosses boîtes à outils déconnectées de l’état d’esprit pourtant indispensable à leur bon déploiement.
Bon nombre de ces tentatives ont finalement pris la forme de vastes programmes de réduction des coûts sous couvert d’un vernis participatif.

Des améliorations ont pu être constatées localement mais sans réel impact global, les outils étant mobilisés « toutes choses égales par ailleurs » sans se soucier des impacts collatéraux.

Ces démarches ont alors été associées à une dégradation des conditions de travail, à l’augmentation du stress, la réduction des effectifs… sans pour autant améliorer durablement la performance alors que dans le même temps les technologies n’ont jamais été aussi matures.
Les démarches elles-mêmes ont fait les frais de ces résultats décevants alors que la manière et l’état d’esprit avec lesquels elles ont été déployées auraient dû être challengés.

Fort de ces constats José Gramdi propose une nouvelle approche.

L'heure n'est pas au management du changement mais au changement de management

Jérôme Barrand

Un nécessaire changement de paradigme

José Gramdi suggère de concevoir l’entreprise comme un système, de coupler l’approche systémique (synergies, totalité, finalités), et l’approche analytique via la résolution des problèmes). Ceci s’incarne dans la logique suivante : penser global, agir local.
L’objectif est de garantir : alignement stratégique, concertation tactique et parfaite synchronisation des activités au niveau opérationnel.

José Gramdi suggère, par ailleurs, qu’il est désormais nécessaire de changer la manière de piloter l’activité, d’évaluer la performance et de construire les plans de progrès.
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Le concept de PIG  (Performance Interactionnelle Globale)

Ce dernier introduit ainsi le concept de Performance Interactionnelle Globale où l’entreprise est considérée comme un tuyau de création de valeur. Les activités sont abordées selon leur finalité plutôt que selon leur fonctionnement.

Cette approche permet de focaliser les efforts de chacun pour atteindre des performances collectives, dans une logique de contributions. Dans ce contexte, le management vise un optimum global plutôt que des optimums locaux. La productivité individuelle fait place à l’intelligence collective ce qui met l’organisation en capacité de s’adapter en permanence au contexte et aux attentes clients, en mode agile.

Les outils sont dès lors mobilisés en fonction des finalités.
L’Excellence en production peut se résumer ainsi : "Plus, mieux, plus vite, tous ensemble et dans le respect de notre écosystème".

  • Plus : augmenter le débit grâce à la théorie des contraintes qui permet de cibler les sujets dans une réflexion globale ;
  • Mieux : augmenter le niveau de qualité grâce au Six Sigma qui permet d’agir localement pour résoudre des problèmes ;
  • Plus vite : augmenter la vitesse grâce au Lean qui permet des réduire les gaspillages et d’accélérer ainsi les processus.

Les Hommes au cœur du dispositif

L’Homme est aujourd’hui l’élément le plus différenciant pour les entreprises.
En conséquence, il faut placer l’Homme et son potentiel créatif au cœur des préoccupations de l’organisation pour atteindre une performance durable en parfaite cohérence avec les préceptes initiaux du Toyota Production System.

Pour concrétiser cet axe fort, José Gramdi propose d’intégrer la main-d’œuvre aux charges globales d’exploitation considérées fixes. Ce qui revient à dire que la démarche d’amélioration n’a pas pour finalité la réduction des effectifs. Cet engagement favorise l’engagement des collaborateurs, alors rassurés sur les objectifs de la démarche.

Dans la suite de son ouvrage, l'auteur propose une méthode et des outils pour mettre en place cette approche par la Performance Interactionnelle Globale.

À propos de l'auteur

José Gramdi obtient un DESS de robotique en 1988. Après un bref passage chez un éditeur de logiciels de supervision, il crée son cabinet à Marseille en 1990.

Pendant 12 ans il développe une activité de conseil, formation et services en systèmes d'information industriels, pilotage en temps réel de la performance et amélioration continue.

En 2002, il rejoint l'Université Technologique de Troyes en tant qu'enseignant-chercheur. Il y conçoit et développe des enseignements en systèmes d'information industriels et amélioration continue (Théorie des Contraintes, Lean Management, Six Sigma). Comme responsable de l'usine-école de l'établissement, il expérimente également diverses solutions MES et ERP avec pour objectif d’identifier et de mesurer leur impact sur la performance globale (throughput, lead-time, satisfaction client). Ses recherches se focalisent sur la modélisation, la simulation, l'optimisation et le pilotage de la performance globale des entreprises.

En 2007, il invente le concept et l'indicateur de Performance Interactionnelle Globale (PIG) qu'il véhicule inlassablement en entreprise à travers ses conférences, ses formations et ses missions d'accompagnement.
Contact : jose.gramdi@utt.fr
Site web : www.interaxys.fr